Le Figaro : « Cette tranche d’histoire illustrée est assez spectaculaire et techniquement très réussie. »

Claire Bommelaer signe une critique du film Les Damnés de la Commune dans Le Figaro du 23 mars 2021.

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Explication de gravures pour la Commune de Paris sur Arte

Le film de Raphaël Meyssan, entre BD et roman graphique, s’appuie sur les souvenirs de l’anarchiste Victorine Brocher.

C’est une soirée « en hommage aux révoltés de la Commune » à laquelle nous convie ce soir, Arte. Au moment où la ville de Paris commémore cette insurrection qui a chamboulé la capitale en 1871, voici une 1 h 30 pour se remettre en mémoire ces soixante-douze jours qui finirent sous et dans le feu.

Après la chute de l’Empire et le siège de Paris par les Prussiens, la Commune de Paris est proclamée le 28 mars 1871. Elle expérimente des réformes sociales, avant de se faire balayer par l’armée versaillaise, lors de la semaine sanglante. On comptera 20 000 morts et 40 000 prisonniers, dont certains sont envoyés à Cayenne ou, comme comme Louise Michel, en Nouvelle-Calédonie.
Tranche d’histoire illustrée

Parmi les communards, se trouve Victorine Brocher. Le documentaire, écrit par Raphaël Meyssan et lu par les acteurs Simon Abkarian et Yolande Moreau, s’appuie en partie sur ses mémoires. Cette anarchiste de 30 ans, cantinière puis ambulancière d’un bataillon de fédérés, qui échappa à « la semaine sanglante », sera accusée d’avoir mis le feu à la Cour des comptes. Née dans une famille républicaine (sa mère est ouvrière lingère et son père est un franc-maçon socialiste qui a choisi de devenir cordonnier), elle racontera ces événements dans Souvenirs d’une morte vivante, publiés en 1909. Le texte, poignant, est engagé comme cette femme l’était. Sous sa plume, la soirée tisse et trame l’histoire d’une lutte collective, menée par des milliers d’inconnus pour la justice sociale. Et cherche visiblement à donner une voix à des personnages effacés par le roman national, bâti sous la IIIe République.

La grande réussite de Raphaël Meyssan est d’avoir puisé dans des centaines de gravures parues dans les journaux et des livres d’époque pour illustrer les voix off (dont celles d’André Dussollier, Jacques Weber et Denis Podalydès).

Cette tranche d’histoire illustrée est assez spectaculaire et techniquement très réussie. On passe d’une image à une autre, la lecture étant facilitée par quelques rares animations. Les dessins originaux, montés par le studio d’animation Miyu, se succèdent, magnifiques, vrais. Ils finissent par prendre vie, à mi-chemin entre la bande dessinée et le roman graphique. En toile de fond, bruitages et musique accompagnent ces archives, et font de ce documentaire un « ovni », comme le qualifie elle-même la chaîne Arte.

Claire Bommelaer

 

(Lire l’article de Claire Bommelaer sur le film Les Damnés de la Commune sur le site du Figaro)