Daily Mars : « “Les Damnés de la Commune” est un magnifique ouvrage sur une période souvent fantasmée de l’Histoire »

Doumé Nikoni propose une critique du tome 1 des Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan, le 27 février 2018

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La Commune par les communards mais pas seulement. L’époque par ceux qui la vivaient, l’aimaient ou la détestaient : lignards, Prussiens, révolutionnaires, impérialistes… En partant de son voisin de palier, l’auteur nous livre un siècle et demi plus tard un portrait de cette période insurrectionnelle qui faillit renverser l’histoire. Un roman graphique rare. Sur la forme et le fond.

L’histoire : Qui est Lavalette ? C’est de ce point de départ que l’auteur nous raconte la vie sous la Commune. Le quidam habita le même immeuble que lui, une raison suffisante pour se lancer dans une enquête gigantesque. Au sein de laquelle, il rencontra une mère courage Victorine, mais également tous les grands acteurs de ce grand souffle d’espoir.

Mon avis : Raphaël Meyssan s’est livré à un travail de grand malade. Il a constitué son ouvrage pendant six années avec des gravures issues des parutions d’époque. C’est-à-dire de la fin du XIXe siècle. Cela donne un roman graphique assez iconoclaste. Un peu déroutant de prime abord mais méchamment intéressant si on se donne la peine d’aller un peu plus loin. La couleur y est de fait absente mis à part pour les bulles narratives. C’est désarçonnant, ça bouscule nos certitudes, mais dans le bon sens.

Et puis, Les Damnés de la Commune est un magnifique ouvrage sur une période souvent fantasmée, sur un moment dans l’Histoire où le peuple, trahi par ses élites, prend le pouvoir pour la res publica. Si le poisson pourrit toujours par la tête, là, on se situe à la queue avec le lumpenprolétariat des faubourgs de Paris. On a l’impression de vivre avec ce petit peuple qui sut se montrer si grand. C’est extrêmement réaliste et cela montre dans quelle misère vivaient ces damnés.

Ce premier opus résume ce qui a amené à la Commune de Paris, le second nous décrira l’insurrection par le menu. J’espère que vous n’êtes pas rassasiés car la suite s’annonce à nouveau gargantuesque.

« Ce premier opus résume ce qui a amené à la Commune de Paris, le second nous décrira l’insurrection par le menu »

Si vous aimez : Le Cri du peuple de Jacques Tardi.

En accompagnement : « C’est arrivé près d’chez toi » de Suprême NTM.

Autour de la BD : Raphaël Meyssan a numérisé plus de 15 000 gravures, sans parler de ses lectures et de ses fréquentations des archives. Un travail de titan, un labeur astreignant pour quelqu’un qui a fait tout seul une BD en ne sachant pas dessiner...

Extraits : « Napoléon chéri. »

« Mmm ? »

« Je crois que j’ai une idée. »

« Une idée... Vraiment ?! »

« Un ennemi extérieur permettrait d’affermir l’Empire et de canaliser l’agressivité populaire. »

« Un ennemi extérieur ? »

« Les Prussiens par exemple. »

« Bismarck veut placer un des leurs sur le trône d’Espagne, c’est une provocation ! Ils vont encercler la France. C’est une bonne idée, oui ? »

« Les Prussiens... Mmm... Pourquoi pas… »

(Lire la critique de Doumé Nikoni sur Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan sur Daily Mars)