Inter CDI : « Meyssan donne une nouvelle consistance à certains lieux parisiens traversés par l’Histoire »

Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan sont recommandés à partir de 14-15 ans dans la revue des documentalistes de janvier-février 2018

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Raphaël Meyssan découvre qu’un certain Lavalette, communard, a habité dans son immeuble, rue Lesage à Belleville. Il veut en savoir plus sur cet homme et enquête, consulte des archives, déchiffre les rapports de police, et les compte rendus des débats de l’Assemblée nationale. Il se met en tête de réaliser une bande dessinée, sauf qu’il ne sait pas dessiner ! Il utilise alors toutes les images de l’époque pour composer son histoire. Après avoir numérisé plus de 15000 gravures, il réalise ce récit original et documenté. Loin d’être didactique ou pesant, le récit nous entraîne habilement sur les traces du fameux Lavalette et retrace son rôle dans les événements de la Commune. Il entrecroise cette enquête avec le témoignage poignant de Victorine B., une femme tout aussi réelle qui a fait paraître en 1909 un récit autobiographique intitulé Souvenirs d’une morte vivante.

Le travail de Meyssan est aussi intéressant qu’insolite. Il donne une nouvelle consistance à certains lieux parisiens traversés par l’Histoire, s’introduit dans l’intimité des grands (Napoléon III), nous entraîne dans les débats enflammés des réunions révolutionnaires. Le récit couvre la période allant de l’assassinat de Victor Noir, jusqu’à la fuite de Thiers à Versailles (18 mars 1871), en passant par la guerre avec la Prusse, le siège de Paris, et le début de l’insurrection parisienne. Le travail narratif est très maîtrisé. Jouant sur des pleines pages ou des zooms à l’intérieur des images, l’auteur découpe astucieusement les images. Malgré la diversité des sources graphiques, le récit conserve une grande cohérence À recommander à partir de 14-15 ans.

A. D.