L’Avis des bulles : « Un exercice de style étonnant »

Une critique de la bande dessinée de Raphaël Meyssan sur la Commune de Paris de 1871, en janvier 2020

Imprimer Partager sur Facebook Partager sur Twitter

« Aux armes, citoyens ! Formez vos bataillons ! »

Troisième et dernier volet de ce roman gravure où l’on continue à suivre les aventures de personnages qui ont marqué l’histoire de France sous les yeux du narrateur prénommé Tardi qui passe du XXIe siècle au XIXe pour comprendre, témoigner et rencontrer les illustres Lavalette, Victorine...
L’épisode débute par la chute de la colonne de Napoléon place Vendôme, symbole pour les communards de la tyrannie et du militarisme de Napoléon. Ils sont à l’assaut des religieux, des avantagés, pour créer un nouvel ordre, une nouvelle justice. Mais les combats reprennent camp contre camp, la commune sera écrasée et en fuyant brûlera derrière elle des lieux symboliques de Paris.

« Libre, j’ai vécu, j’entends mourir de même ! »

C’est une façon originale, ludique et instructive de revenir sur ces faits historiques, ce soulèvement populaire qui dura deux mois et finit dans un bain de sang. On revit grâce à ces gravures d’authentiques complots, scènes de guerre, scène de vie qui rendent presque réel ce roman graphique. C’est un travail colossal de recherche de centaines de gravures d’époque qui sont composées en bande dessinée complétées de sous-titre. Raphaël Meyssan inaugure un exercice de style étonnant voir déconcertant. Ces gravures s’entrechoquent avec des bulles en applique pour raconter les péripéties du narrateur qui vient de notre époque pour enquêter.
L’auteur en a fait un découpage cinématographique : les gravures sont entières ou encore découpées par morceaux et répétées sur une même page pour faire vivre l’histoire et donner la parole quand certaines scènes sont utiles à la narration. Elles peuvent être aussi zoomées, façon cinémascope montrant des détails de dessins poignants. On retrouve également des personnages détourés pour mettre en scène de plus fortes émotions. Nos yeux sont souvent plus accaparés par la mise en
scène et les dessins que par l’histoire et le texte, le résultat reste néanmoins indubitable.

Xavier de la Verrie

Note : Indispensable * * *