Positive Rage : « Un triptyque aussi étonnant que singulier qui raconte la Commune de Paris de l’intérieur »

Une critique du tome 2 des Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan, le 6 avril 2019

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19 mars 1871. Les rues de Paris sont en effervescence : l’insurrection a triomphé, obligeant le gouvernement de Thiers et l’assemblée à trouver refuge à Versailles. Le comité central de la garde nationale, dont Lavalette fait partie, siège à la mairie et tient sa première réunion au cours de laquelle il prend une décision fondamentale : celle de rendre le pouvoir à la Commune de Paris en organisant des élections... Une décision fidèle aux principes démocratiques de la révolte, bien entendu, mais qui va paradoxalement signer son arrêt de mort. Car si au lieu de cela les insurgés et la garde nationale avaient tout de suite fondu sur les versaillais aux abois, c’est tout le système qui se serait effondré...

Suite, très attendue, de ce triptyque aussi étonnant que singulier puisqu’il raconte la Commune de Paris de l’intérieur (l’auteur, comme Zinn l’a fait dans son Histoire populaire des États-Unis d’Amérique, utilise les témoignages de communards, dont Victorine, une parisienne lambda, et Lavalette, un responsable du comité dont Raphaël Meyssan découvrit un jour, par hasard, qu’il avait habité dans son appartement, ce qui fût le point de départ de ses recherches, puis du récit) en utilisant des gravures réalisées par des artistes à l’époque des faits ! Et si Meyssan n’a dont fait aucun dessin pour Les Damnés de la Commune, il a accompli un travail de recherche (et d’enquête puisqu’il a fallu retrouver les documents attestant de l’implication de Lavalette dans les événements) colossal dans les archives avant d’organiser et d’agencer, à la façon de la bande dessinée (il a souvent recours à des cases), les gravures sélectionnées pour qu’elles servent son récit et racontent une histoire. Pour un résultat magistral ! Qui s’attache, dans ce deuxième tome, à conter les jours qui ont suivi la victoire et la proclamation de la Commune puis les manœuvres diplomatiques des versaillais pour gagner du temps afin de pouvoir se réorganiser avant de contre-attaquer... Un chapitre passionnant, et clé, de l’Histoire française comme vous ne l’avez jamais lu auparavant. On est toujours aussi fans !

Sullivan

(Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan : lire la critique de Sullivan dans Positive Rage du 14 janvier 2018.)