Depuis dix ans, je travaille sur la Commune de Paris, ce grand mouvement de gauche. J’ai exprimé les idées qui me tiennent à cœur dans trois romans graphiques et un film, Les Damnés de la Commune, et je les exprime dans chaque interview que je donne et chaque rencontre avec le public. Mais Conspiracy Watch pense avoir débusqué ce qui se cache derrière mon « visage avenant ».
11 Septembre
Pour cela, il revient vingt ans en arrière et me demande si j’ai modifié le regard que je portais sur le 11 Septembre, depuis que j’ai fait un « Jeu des sept erreurs » lorsque j’avais une vingtaine d’années. La réponse est OUI, sans l’ombre d’un doute !
J’ai publié ce jeu en février 2002 sur mon webzine, L’Asile utopique. Les attentats du 11 septembre 2001 avaient été un choc pour tout le monde, moi compris. Cela avait rendu difficile notre capacité à questionner cet événement et ses conséquences, à savoir le déclenchement d’une guerre et le vote de l’USA Patriot Act, des lois d’exception dangereuses pour les libertés publiques. Lorsque j’ai fait ce « Jeu des sept erreurs », j’ai posé des questions, de manière ludique et sans prétention, à un moment où il était légitime de s’en poser.
Par la suite, de grands journaux ont donné des réponses très exhaustives. Aux États-Unis, une commission d’enquête a travaillé pendant deux années sur les nombreuses questions qui se posaient.
Près de vingt ans plus tard, je n’ai plus de raison d’aborder ce sujet, si ce n’est pour répondre à Conspiracy Watch qui en fait une affaire de la plus haute importance.
« Webmaster » du Réseau Voltaire
On me demande si je suis « webmaster » du site du Réseau Voltaire, dirigé par mon père, Thierry Meyssan. La réponse est NON et depuis longtemps. J’ai conçu plusieurs versions de ce site, la première en 1999, la dernière en 2011. Et le terme « webmaster », qu’on utilisait beaucoup aux balbutiements du Web, il y a 25 ans, est impropre : je suis graphiste et concepteur de site internet.
La nuance est importante, car cet article à charge donne l’impression que j’aurais à répondre du contenu. Ce n’est pas le cas. Comme ce n’est pas non plus le cas des dizaines de sites que j’ai conçus pour des archivistes, des architectes, des psychanalystes, des universitaires, des danseurs, des comédiens, des chanteurs… La liste est longue : c’est mon métier depuis 20 ans.
Les opinions politiques exprimées par mon père sur son site ou dans d’autres médias et les personnes qu’il rencontre n’engagent que lui. Et je suis évidemment en désaccord avec certaines de ses positions.
Amalgames
Cet article utilise un procédé grave et inacceptable. Par association de mots et des personnes, il insinue des opinions que je n’ai pas. Il fonctionne par amalgame en abusant des mots antisémite, révisionniste, négationniste. CE QUE JE NE SUIS PAS !
J’espère que cette réponse claire mettra fin à toute envie de polémiquer sur un sujet aussi grave. C’est en classe de première que j’ai vu Nuit et Brouillard et, depuis, il y a des sujets qui ne me font pas rire.
Conspiracy Watch s’est donné pour mission de démonter les processus obsessionnels qui conduisent à tordre les faits pour qu’ils collent à un fantasme. Cette démarche est louable. Il serait bon que ce site en soit à la hauteur.
Qui je suis
Je n’ai pas à dire qui je ne suis pas, mais je peux dire qui je suis.
Pendant des années, j’ai travaillé comme graphiste pour de nombreuses publications et sites internet. Un graphiste, c’est quelqu’un qui met son talent d’artiste au service d’une parole qui n’est pas la sienne. Il y a dix ans, j’ai commencé un long travail sur la Commune de Paris. Peu à peu, de graphiste, je suis devenu auteur. J’ai laissé sortir ma propre parole.
Mes idées sont aujourd’hui exprimées de manière claire dans mes livres et dans mon film. Il n’y a rien de caché. Pas d’ambigüité. Pas de non-dit à débusquer. Ce que j’ai à dire, je le dis. Dans ces œuvres, je parle de cette grande épopée qu’a été la Commune de Paris. Je parle de ces hommes et de ces femmes qui ont défendu les valeurs d’une République sociale, démocratique et universelle. De ces communardes et ces communards qui ont accueilli des étrangers parmi eux, comme Léo Frankel, l’un de leurs plus grands élus.
J’ai invité à faire le parallèle entre la France de 1871 et celle de 1940. J’ai montré, d’un côté, ce gouvernement versaillais prêts à tous les compromis avec les Allemands et, de l’autre, ces Parisiens prêts à tout pour résister à l’occupant. Pour moi, le communard polonais Jaroslaw Dombrowski, résonne avec le résistant arménien Missak Manouchian. Et je regarde d’une manière toute particulière ces militaires, comme le colonel Louis Rossel, qui ont choisi de déserter l’armée versaillaise pour rejoindre la Commune. Pour eux, le déshonneur était à Versailles et la France libre était à Paris.
Leur courage réveille le souvenir de personnes dont j’admire les choix, comme mon arrière-grand-père, le colonel Pierre Gaïsset, qui a décidé de rejoindre le général De Gaulle à Londres. Ou sa femme, Odette, mon arrière-grand-mère, qui ravitaillait les résistants sur le sol français. Il fait écho à mon grand-père, Michel Meyssan, qui n’était pas de gauche mais gaulliste social et conseiller de Jacques Chaban-Delmas. L’engagement de ces Parisiens résonne avec celui de mon autre grand-père, Émile Taillandier, ouvrier et syndicaliste jusqu’au bout des doigts. Il résonne avec celui de ma mère, catholique de gauche, avec qui j’ai grandi. Car, oui, j’ai une filiation et elle est plurielle !
La plus belle réponse que je puisse donner n’est pas dans ce texte, mais dans mes livres et dans mon film. J’y raconte ce qui me fait vibrer. Et je n’ai pas fini de le faire !